L’Histoire du village

Pernois, propriété des évêques d’Amiens jusqu’au XVIIIème siècle

Du 12e siècle jusqu’à la Révolution, la terre de Pernois a appartenu à la mense épiscopale d’Amiens, et les évêques y disposaient du manoir seigneurial et de la ferme de Bélettre. Selon une tradition orale, une ancienne maison de templiers, aujourd’hui détruite, se dressait près de la Nièvre.  L’agglomération s’est développée à l’ouest de l’ancien manoir épiscopal, autour de l’église paroissiale et du cimetière, à partir d’un réseau de quatre rues qui s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui.

Thibault II d’Heilly est, semble-t-il, le premier prélat à  séjourner vers 1175 au manoir, et à s’installer dans les bâtiments du prieuré Saint-Martin, qui est dissout mais garde sa mission de service paroissial. Jean de Cherchemont y fonde en 1339 une chapelle sous le vocable de saint Nicolas, dotée d’une chapellenie en faveur du chapelain Jean “de Pomerio”. L’année suivante, il fait transférer l’église paroissiale ainsi que le presbytère hors de l’enceinte épiscopale, à leur emplacement actuel. Gaufridus de Victa est le premier titulaire de cette nouvelle cure.

Le manoir aurait été complètement restauré, voire reconstruit, par Antoine de Créquy, évêque d’Amiens de 1564 à 1574 et seigneur de la terre voisine de Canaples.

 

Outre le caractère agricole prédominant, la situation de la commune en fond de vallée humide a favorisé dès la fin du Moyen Age la culture, le traitement et le tissage du lin et du chanvre. Le ruisseau dit fontaine des Ruissoirs, en bordure de l’actuelle route départementale, présente encore dans une propriété privée des aménagements probablement liés à cette activité. En 1836 (matrice des propriétés foncières), les linières et chènevières (les deux types regroupés sous cette dernière appellation) représentent plus de 36 hectares. Elles sont situées dans les zones humides, au sud-est du village, aux lieux-dits les Prés d’Evêque, bordé par la Nièvre et ses ruisseaux affluents dits la Fontaine et le Vivier, et les Villers, entre le hameau de Cléry et la rivière. Les plus vastes sont localisées à Bélettre, au marais Pria et en bordure du marais communal.

Au XVIIIème siècle, l’église a été reconstruite durant ce siècle, alors que deux moulins à eau étaient aménagés au fond de la vallée

Au début du xixe siècle, la culture du lin et du chanvre favorise l’installation d’un marchand de toile et de teinturiers qui valorisent la production locale des fileuses et des tisserands.

Jusqu’au milieu du 19e siècle, la commune était principalement accessible par la route de Vignacourt qui traversait le hameau de Cléry et franchissait la Nièvre par un pont établi et emprunté de longue date par les évêques d’Amiens, d’où son nom de Pont-l’Évêque. Le village était relié à Berteaucourt-les-Dames, à l’ouest, par un chemin passant au pied du coteau derrière la ferme de Bélettre avant de rejoindre la rue des Blancs-Pignons. De la même façon, la rue d’En-Haut était prolongée vers l’est par un chemin passant devant la ferme du manoir, et qui rejoignait le village de Canaples par le plateau. Le chemin secondaire de Berteaucourt, qui franchissait la Nièvre au hameau du Soudet et passait devant la ferme de Bélettre, a pris une importance lors de la création de la route de la vallée.

En 1836 (matrice des propriétés foncières), la commune comprend 195 maisons, 5 moulins (en fait, 5 roues réparties dans trois moulins) et 2 forges (rue d’En-Bas et rue d’En-Haut).

 

Les moulins

Parmi les trois moulins que comptait la commune, deux sont attestés sous l’Ancien Régime et apparaissent sur la carte de Cassini et sur l’atlas terrier de la seigneurie épiscopale (moulin de Pernois et moulin de Bélettre ou du Soudet). Le troisième, le moulin de Pont-l’Évêque, a probablement été fondé à l’extrême fin du 18e siècle. Les trois établissements ont fonctionné jusque dans la première moitié du 20e siècle. Le moulin du Soudet est devenu une minoterie dans la seconde moitié du 19e siècle.

 

Installation des usines Saint Frères à partir du milieu du 19ème siècle

On compte au milieu du 19e siècle parmi les propriétaires fonciers de la commune plus de 70 tisserands et 13 fileuses. On retrouve des noms de familles de tisserands, parmi lesquelles Bellenger, Brasseur, Breilly, Devillers, Flesselles, Hirondart ou Legrand, qui demeurent pour la plupart rue des Blancs-Pignons, rue Mulot ou rue de la Ville. L’ancienne maison des tisserands Flesselles, rue de la Ville, est apparemment la seule à avoir conservé en partie son aspect et son aménagement lié à sa fonction du milieu du 19e siècle. Le teinturier Louis Leroy est installé en bord de Nièvre, au hameau du Soudet, entre le moulin et la ferme. Un second teinturier, Pierre Boval, est établi au tournant des rues Mulot et des Blancs-Pignons.

Dans les années 1860, les usines Saint Frères s’installent dans la vallée de la Nièvre. L’industrie locale périclite, la population passe de 866 habitants en 1856 à 411 en 1911. La plupart de ces artisans et ouvriers sont allés travailler dans les usines Saint Frères.

 

En 1899 (monographie communale) près de la moitié des terres agricoles est cultivée en céréales (blé, seigle, orge, avoine), le tiers en plantes ou racines fourragères (luzerne, sainfoin, trèfle, betterave) et le reste en pomme de terre. Les terres cultivées sont alors réparties entre 62 exploitations, dont 42 ont une superficie inférieure à 5 hectares. La culture du lin recule, celle du chanvre a disparu, et l’activité de tissage à domicile, qui occupe plusieurs métiers, décline inexorablement avec la concurrence de l’industrie textile Saint Frères qui domine une grande partie de la vallée de la Nièvre. A cette époque, la Nièvre alimente encore les trois moulins à farine et un moulin à huile sur le territoire de la commune.

Un cimetière plus vaste est aménagé en 1862 au nord du village, tandis que le monument aux morts est érigé dans les années 1920 dans l’ancien enclos du premier cimetière.

Au cours des années 1880, l’école des filles et la mairie sont installées dans une petite maison à deux portes.

1ère et 2nde Guerres mondiales

Pendant la Première Guerre mondiale, un poste d’évacuation sanitaire britannique est installé dans la commune.

Le village a compté un certain nombre d’établissements commerciaux (hôtelleries, cafés, alimentations) et artisanaux (maréchal ferrant) jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Le 27 juin 1944, un V1 s’écrase sur la maison de la garde-barrière. Une mère de famille et ses deux enfants trouvent la mort : Simone Léglise, âgée de 32 ans, et ses deux enfants, Claudette et Jean-Noël, qui avaient respectivement 6 et 2 ans. À l’initiative de la commune et avec l’aide financière de l’association Racines calcéennes, leurs noms ont été gravés sur la stèle aux victimes de guerre.

 

Si vous souhaitez en savoir davantage sur l’histoire de Pernois, vous pouvez consulter le site internet de Mr Denoeux : http://www.pernois-jacquestilloly.com/